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Forte hausse des signalements de sextorsion envers les garçons

Cyberaide.ca – la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur Internet – a découvert que les garçons adolescents sont largement ciblés par les sextorqueurs sur InstagramMD et SnapchatMC.

Le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE), de qui relève Cyberaide.ca, a reçu dans les dernières semaines un nombre sans précédent de signalements venant de jeunes et, parfois, de parents inquiets, concernant des cas de sextorsion caractérisés par des tactiques agressives. Rien qu’en août, Cyberaide.ca a ouvert 274 dossiers pour des victimes de sextorsion.

L’analyse de ces dossiers révèle que :

  • 52 % des victimes ont moins de 18 ans;
  • 84 % des victimes dont le sexe est connu sont des garçons ou de jeunes hommes;
  • 57 % des victimes déclarent ne pas avoir rapporté l’incident à une personne de confiance.

Concernant les plateformes où les victimes se font le plus souvent piéger, Instagram (42 %) et Snapchat (38 %) sont de loin les plateformes de médias sociaux les plus citées par les victimes. Il semble donc que les pédocriminels cherchent des victimes là où ils en trouveront facilement, c’est-à-dire sur les plateformes sociales que les ados utilisent plusieurs heures par jour.

Comment les sextorqueurs s’en prennent-ils aux adolescents et aux jeunes hommes sur les plateformes de médias sociaux grand public?

Dans la majorité des cas étudiés par Cyberaide.ca, deux tactiques distinctes sont utilisées par les sextorqueurs, qui commencent dans les deux cas par faire croire aux jeunes qu’ils ont affaire à une personne de leur âge. La conversation prend vite une tournure sexuelle, et si la victime envoie une image intime d’elle-même à son interlocuteur, celui-ci s’empressera souvent d’exiger aussitôt une somme d’argent ou d’autres images sous menace de dévoiler les images en sa possession aux proches et amis de la victime.

L’analyse a également révélé l’émergence d’une nouvelle tactique consistant pour le sextorqueur qui se cache derrière le faux compte à envoyer des images d’abus pédosexuels à la victime. Le sextorqueur menacera ensuite de dénoncer la victime à la police sous prétexte qu’elle est en possession d’images illégales. Des demandes d’argent suivront aussitôt.

Les comptes de médias sociaux utilisés par les sextorqueurs ont souvent l’air authentiques à la vue du nombre d’abonnés du titulaire, de ses photos de profil et des renseignements figurant dans sa biographie.

Que faire si votre ado se fait sextorquer?

  • Faites un signalement. Si vous craignez que votre ado soit en danger immédiat, appelez le 911. Dans tous les autres cas, signalez la situation à la police ou encore à Cyberaide.ca au moyen de la fiche de signalement en ligne ou au numéro sans frais 1-866-658-9022.
  • Ne cédez pas aux menaces. En d’autres termes, ne versez jamais d’argent et veillez à ce que votre ado n’envoie jamais d’autres photos ou vidéos. Les jeunes ont souvent envie de négocier avec les sextorqueurs, mais les données de Cyberaide.ca montrent que le fait de céder à leurs demandes entraîne généralement d’autres demandes.
  • Cessez toute communication avec l’auteur des menaces. Faire attendre le sextorqueur ou lui rendre son agressivité ne sert à rien. Si vous coupez rapidement la communication, vous avez plus de chances qu’il se désintéresse de vous et qu’il passe à autre chose.
  • Conservez toute correspondance entre votre ado et l’auteur des menaces.

Que puis-je faire pour aider mon ado à se protéger sur les plateformes de médias sociaux comme Snapchat et Instagram?

  • Dites à votre ado de limiter ses amis ou abonnés aux personnes qu’il ou elle connaît dans la vraie vie. Invitez votre ado à bloquer sur Snapchat les utilisateurs inconnus qui l’ajoutent à leur liste d’amis.
  • Dites à votre ado de ne jamais cliquer sur des liens qui lui sont envoyés par message direct, surtout si l’auteur du message lui est inconnu.
  • Encouragez votre ado à mettre des mots de passe forts sur ses comptes de médias sociaux.
  • Rappelez à votre ado de limiter la quantité d’informations qu’il ou elle dévoile dans son profil. Dites-lui de ne pas mentionner ses intérêts, son lieu de résidence ou son âge dans sa biographie. Sur Snapchat, l’utilisateur est invité à mettre son nom complet, sa date de naissance et son signe du zodiaque dans son profil. Encouragez votre ado à utiliser un pseudonyme et à désactiver l’option « Joyeux anniversaire » pour ne pas publiciser sa date d’anniversaire. Découvrez ce que vous pouvez faire pour éviter que votre ado ne dévoile trop de renseignements personnels dans ses biographies sur les médias sociaux.
  • Dites à votre ado de faire bien attention aux images qu’il ou elle conserve ou partage dans le dossier « My Eyes Only » de son compte Snapchat, car ce dossier n’est pas si sûr.
  • Encouragez votre ado à ne pas partager son SnapcodeMC (code QR unique permettant d’ajouter facilement des amis à son Snapchat) ou d’autres noms d’utilisateur de médias sociaux sur Internet.

  • Passez en revue avec votre ado ses paramètres de confidentialité, dont :
    • Pour Snapchat:
      • Allez dans la section « Qui peut... » (sous Réglages) pour déterminer qui peut contacter votre ado, consulter ses stories, trouver votre ado dans Ajout rapide et voir sa position.
    • Pour Instagram:
      • La fonction « Supervision » vous permet, avec la permission de votre ado, de voir sa liste d’abonnés et de personnes suivies. Elle vous permet aussi de recevoir un avis pour chaque nouvel abonné. Pour activer cette fonction, vous devez envoyer une invitation à votre ado à partir des paramètres.
      • Vous pouvez aussi activer la fonction « Limites » pour limiter les commentaires et les messages provenant de groupes indésirables (cette fonction est accessible sous Paramètres > Confidentialité).
      • Vérifiez qui peut voir sa story ou y répondre (sous Paramètres > Confidentialité > Story).
      • Vérifiez qui peut lui envoyer des messages (sous Paramètres > Confidentialité > Contrôles des messages).

  • Parlez souvent de sécurité en ligne avec votre ado; demandez-lui de vous parler de ses applis et de ses jeux préférés ainsi que des personnes avec qui il ou elle communique. Si vous avez besoin de conseils âge par âge pour amorcer la conversation avec des enfants et des ados, consultez le site ParentsCyberAvertis.ca.
  • Rappelez à votre ado qu’il ou elle peut vous demander de l’aide en tout temps en cas de problème, sans craindre de s’exposer à des conséquences ou de se faire confisquer son appareil.

Pour d’autres ressources sur la sextorsion, consultez le site Cyberaide.ca.