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Pas si vite!

Publier des photos de vos enfants sur internet n’est pas sans risques

Vous avez probablement quelque part une photo embarrassante de vous dans la baignoire quand vous étiez tout petit. À l’époque, ces photos n’existaient que sur support matériel et on les mettait dans un album photos qui restait entre les mains de la famille. Mais en cette ère où les enfants grandissent avec le numérique, tout ce qu’ils font pour la première fois devient un moment à partager. Et on ne parle pas d’une simple photo; les faits et gestes de nos enfants font l’objet de mises à jour quotidiennes, de tweets et de snaps qui inondent les médias sociaux.

Cette culture désignée en anglais par le terme sharenting — mot-valise qui associe sharing (partage) et parenting (parental) — soulève des questions éthiques, dont celles de la monétisation de ces souvenirs et du droit des enfants à la protection de leur vie privée. Mais du point de vue de la protection de l’enfance, la publication de photos d’enfants soulève des inquiétudes encore plus grandes.

Nos analystes de Cyberaide.ca — la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants sur internet — voient souvent dans les forums de pédophiles des photos innocentes d’enfants qui ont probablement été dérobées sur les médias sociaux. Ceux qui reprennent ces images les accompagnent souvent de propos troublants sur leurs penchants pédosexuels ou font croire qu’ils ont accès à l’enfant afin de troquer des images d’abus pédosexuels avec d’autres abuseurs.

Et on ne parle pas nécessairement ici de photos d’enfants nus ou partiellement nus (dans la baignoire, en couches, etc.), mais plutôt de scènes anodines de la vie de tous les jours (enfants qui jouent au parc, à la plage, etc.). Il arrive assez souvent aussi que ces images soient modifiées à l’aide d’un logiciel de retouche et que la tête d’un enfant se retrouve sur le corps nu d’un autre enfant ou dans des images d’agression sexuelle.

Les analystes de Cyberaide.ca savent très bien à quelle vitesse les images d’abus pédosexuels se propagent. Et un abus de plus est commis contre l’enfant chaque fois qu’une photo ou une vidéo de lui est partagée en ligne avec des personnes ayant des attirances sexuelles pour les enfants. Lorsqu’une photo ou une vidéo se retrouve sur internet, il n’est pas facile d’en faire disparaître toutes les traces (quoique le Centre canadien de protection de l’enfance travaille sur une solution avec le Projet Arachnid).

Ainsi donc, avant de publier des photos de vos enfants, souvenez-vous de ce qui suit :

  • Ne publiez jamais de photos d’enfants nus ou partiellement nus.
  • Rendez votre profil privé, de sorte que seuls les gens que vous connaissez puissent voir les images que vous y publiez. Profitez-en pour vérifier votre liste d’amis et de contacts pour vous assurer que vous connaissez BEL ET BIEN toutes ces personnes dans la vraie vie.
  • Ne publiez jamais de photos qui révèlent vos habitudes ou qui pourraient permettre d’identifier votre enfant (p. ex. photos de votre enfant devant son école ou en uniforme scolaire). Désactivez la géolocalisation pour ne pas révéler votre position à tout le monde.
  • Nous mettons constamment les jeunes en garde contre la pérennité de ce qu’ils publient sur internet; tout finit par laisser des traces numériques. Cela s’applique aussi aux photos d’enfants. Demandez-vous toujours si la photo que vous vous apprêtez à publier pourrait causer de l’embarras, de la honte ou de l’anxiété à votre enfant aujourd'hui comme demain. Au bout du compte, ce n’est pas votre image qui est en cause, mais celle de votre enfant. Tâchez de respecter sa vie privée.
  • C’est en s’inspirant de l’exemple de leurs parents que les enfants apprennent à se comporter sur internet. Si vous partagez excessivement sur les médias sociaux, vous risquez que vos enfants en fassent autant lorsqu’ils arriveront sur internet. Donnez-leur le bon exemple.